« que.2 », définition dans le dictionnaire Littré

que

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

que [2]

(ke) conj.
  • 1Sert à unir deux membres de phrase ; ce qui distingue ce que du que relatif qui unit un nom et un membre de phrase, c'est que celui-ci peut se tourner par quoi ou par lequel, laquelle, accompagné du nom qu'il rappelle, tandis que que conjonction ne le peut pas. Vous dites qu'il viendra. Je crois qu'avec cela, mon cher marquis, je croi Qu'on peut par tout pays être content de soi, Molière, Mis. III, 1.

    Dans ces locutions : Je dis que oui, Il soutient que non, oui et non représentent des propositions.

    Après certains verbes qui veulent de avec un substantif, on peut aussi mettre que. je vous instruis, je vous informe que votre frère est arrivé. Je vous avertis qu'il est temps de partir.

    On a dit aussi que après supplier. Si j'ai oublié dans ma première lettre de faire mention du prélat, je vous supplie que je répare ce défaut dans celle-ci, Sévigné, à Bussy, 27 févr. 1679.

  • 2Après certains verbes et certaines constructions qui impliquent possibilité, doute, négation, interrogation, commandement, on met le subjonctif. Je ne crois pas qu'il vienne. Il suffit que vous le disiez. Il faut qu'il parte. C'est dommage qu'il ait ainsi parlé. Est-il possible que vous partiez ? Voilà qui m'étonne, qu'en ce pays-ci les formes de la justice ne soient point observées, Molière, Pourc. III, 2. Et ne croyez pas que ce fût sur des matières…, Massillon, Carême, Vérité de la relig. Ô Dieu ! en permettant que la sagesse humaine tombât dans des égarements si monstrueux, Massillon, Carême, Vérité de la religion.

    Cependant on peut mettre aussi l'indicatif ; mais le sens est un peu différent. Croyez-vous qu'il suffit d'être sorti de moi ? Corneille, le Ment. V, 3. C'est dommage, Garo, que tu n'es point entré Au conseil de celui que prêche ton curé, La Fontaine, Fabl. IX, 4. Ah ! madame, il suffit pour me rendre croyable, Que ce qu'on vous promet doit être inviolable, Molière, D. Garc. I, 3. Est-il possible que toujours j'aurai du dessous avec elle ! Molière, G. Dand. II, 13. Est-il possible que vous serez toujours embéguiné de vos apothicaires et de vos médecins ? Molière, Mal. imag. III, 3.

  • 3Et que, continuant une pensée commencée par un infinitif. Mais voyant à leurs pieds tomber tous leurs soldats, Et que seuls désormais en vain ils se défendent, Corneille, Cid, IV, 3. J'ai cru sa mort pour vous un malheur nécessaire, Et que sa haine injuste augmentant tous les jours…, Corneille, Pomp. III, 2. Considérant l'état des choses, et qu'il serait peut-être difficile au roi son maître de conserver ni Dunkerque ni les autres places de Flandre, Pellisson, Hist. de Louis XIV, liv. I, 1662. Néère, ne va point te confier aux flots, De peur d'être déesse, et que les matelots N'invoquent au milieu de la tourmente amère La blanche Galatée et la blanche Néère, Chénier, Fragments d'idylles.

    Que s'emploie semblablement, sous-entendu disant, exposant. M. de Pompone ne put retenir quelques larmes, en lui parlant [au roi] du malheur qu'il avait eu de lui déplaire ; que, pour sa famille, il l'abandonnait aux bontés de Sa Majesté ; que toute sa douleur était…, Sévigné, 7 févr. 1680.

  • 4Dans une phrase où se trouvent deux propositions en regard l'une de l'autre, l'une régissant, l'autre régie, quand la première est au passé, on doit mettre la seconde au présent, si elle exprime une chose vraie indépendamment de toute époque, une action qui se fait ou peut se faire en tout temps, ou bien encore lorsqu'il s'agit de quelque chose qui existe au moment où l'on parle. Vous m'avez dit, tout franc, que je dois accepter Celui que pour époux on me veut présenter, Molière, Tart. II, 4. Qu'est-ce que vous me voulez, mon papa ? ma belle maman m'a dit que vous me demandez, Molière, Mal. imag. II, 11. On m'a dit qu'on ne connaît plus certaines planètes qui tournent autour de Jupiter, auxquelles Galilée donna en mon honneur le nom d'astres de Médicis, Fontenelle, Dial. de Cosme de Médicis et de Bérénice. Il concluait que la sagesse vaut mieux que l'éloquence, Voltaire, Taureau blanc.

    Cependant mettre l'imparfait n'est pas une faute ; seulement la pensée est un peu différente ; l'imparfait se dit quand on veut exprimer quelque chose de relatif. …Je t'ai déjà dit que j'étais gentilhomme, Né pour chômer et pour ne rien savoir, La Fontaine, Papefig. Son père Antonin lui avait appris [à Marc-Aurèle] qu'il valait mieux sauver un seul citoyen que de défaire mille ennemis, Bossuet, Hist. I, 10. Je n'ai pas oublié, prince, que ma victoire Devait à vos exploits la moitié de sa gloire, Racine, Bérén. III, 1.

    On met l'imparfait du subjonctif après un temps passé. Je craignais, j'ai craint, j'avais craint qu'il ne vînt.

    On le met aussi après le conditionnel passé. J'aurais voulu qu'il ne vînt pas.

    Après le conditionnel futur, on met le présent ou l'imparfait. Je voudrais qu'il vienne ou qu'il vînt ; voy. la remarque 2.

    On pourrait, après le présent, mettre l'imparfait du subjonctif dans une phrase de cette espèce : On craint que la guerre, si elle éclatait, n'entraînât des maux incalculables.

    C'est de la sorte que Racine a dit : Hélas ! on ne craint point qu'il venge un jour son père ; On craint qu'il n'essuyât les larmes de sa mère, Andr. I, 4.

  • 5Que retranché, nom que l'on donne, dans certaines grammaires latines, à la tournure latine qui exprime par le verbe à l'infinitif et le nom à l'accusatif ce que nous exprimons par que entre deux verbes ; Burnouf l'appelle proposition infinitive. C'est donc par l'idiotisme de l'une et de l'autre langue qu'il faut expliquer ces façons de parler, et non par les règles ridicules du que retranché, Dumarsais, Œuv. t. IV, p. 82.
  • 6En tête d'un chapitre ou d'une section d'un livre, on met que pour indiquer de quelle matière il y est traité. Que Dieu s'est voulu cacher, Pascal, Pens. XI, 5, éd. HAVET.
  • 7Par inversion, la proposition où est que peut se mettre avant l'autre. Que cela soit, j'y consens. Que l'on veuille agir ainsi, c'est ce que je ne crois pas. Mais que tous, tant que nous sommes, Nous mentions, grand et petit, Si quelque autre l'avait dit, Je soutiendrais le contraire, La Fontaine, Fabl. IX, 1. Que le bon soit toujours camarade du beau, Dès demain je chercherai femme, La Fontaine, ib. VII, 2. Que ce soit l'homme ou la femme qui ait introduit le péché dans le monde, c'est la même chose, selon saint Augustin, Malebranche, Rech. Éclairc. liv. I, t. IV, p. 126 dans POUGENS. Que tous les hommes presque se sauvent, la foi nous défend de le croire, Massillon, Carême, Élus. Que ce consul [Cicéron] ait été un bon poëte, un philosophe qui savait douter, un gouverneur de province parfait… ce n'est pas là le mérite dont il s'agit ici, Voltaire, Rome sauv. Préf.

    Que ainsi placé équivaut quelquefois à soit que. Que sa prétention fût ou non légitime, Encor ce traitement paraît-il inhumain, Rotrou, Antig. IV, 1. Du reste, que vous réussissiez ou que vous ne réussissiez pas, c'est un soin dont il vous décharge, Bourdaloue, Exhort. sur l'obéiss. relig. t. I, p. 283. Tout ce que nous faisons, que nous pleurions, que nous nous réjouissions, il doit être d'une telle nature, que nous puissions du moins le rapporter à Jésus-Christ, Massillon, Carême, Élus.

    Ainsi placé, que équivaut encore à s'il arrive, s'il arrivait, s'il fût arrivé. Qu'il fasse le moindre excès, il est malade, s'il arrive qu'il fasse le moindre excès, il en est malade. Que Nicias eût envoyé le plus petit détachement pour s'opposer à l'approche de Gylippe, il était maître de Syracuse, et tout était fini, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. III, p. 667, dans POUGENS. Que son maître [du chien] paraisse, et ses sens sont calmés, Delille, Trois règ. VIII.

    Que s'emploie de même pour il faut que. Que je vous retrouve à mon retour modeste, douce, timide, docile, Maintenon, Lett. à Mlle d'Aubigné, 11 mai 1693. Que je vous gronde ; vous doutez de mes sentiments, parce que vous n'en voyez pas de marques, Maintenon, Lett. à Mme de Brinon, t. II, p. 233, dans POUGENS. Que je vous conte une réponse qui m'a fait plaisir, parce qu'elle m'a paru au-dessus de son âge [d'un enfant], Maintenon, Lett. à Mme de Montespan, 1677, t. I, p. 65.

    Dans une phrase exclamative il équivaut à : faut-il ? Qu'il se soit oublié à ce point ! Bon Dieu ! que la tiédeur des chrétiens ait réduit votre Église à leur faire une loi de la participation à votre corps et à votre sang ! qu'il ait fallu des menaces pour les conduire à l'autel, et les obliger de s'asseoir à votre table ! Massillon, Avent. Disp. à la comm.

  • 8Il exprime le souhait, l'imprécation, le commandement, le français ne possédant l'impératif qu'aux secondes personnes et à la première du pluriel, et y suppléant avec que et le subjonctif ; dans ces locutions, que, bien que en tête de la phrase, n'en est pas moins entre deux propositions dont la première est sous-entendue : je prie que, j'ordonne que, etc. Que je meure si… Qu'il parte aussitôt. Que la foudre à vos yeux m'écrase si je mens ! Corneille, le Ment. III, 5. Que puissiez-vous avoir toutes choses prospères ! Molière, le Dép. III, 4. Que maudit soit l'amour, et les filles maudites Qui veulent en tâter, puis font les chattemites ! Molière, ib. V, 4. Le pauvre homme ! allons vite en dresser un écrit, Et que puisse l'envie en crever de dépit ! Molière, Tart. III, 7. Élevez maintenant, ô Seigneur, et mes pensées et ma voix ; que je puisse représenter à cette auguste audience l'incomparable beauté d'une âme que vous avez toujours habitée ! Bossuet, Mar.-Thér. Que son nom soit béni ; que son nom soit chanté ; Que l'on célèbre ses ouvrages Au delà des temps et des âges, Au delà de l'éternité ! Racine, Esth. III, 9. Salut, père étranger, et que puissent tes vœux Trouver le ciel propice à tout ce que tu veux ! Chénier, le Mendiant.
  • 9Que s'emploie seul et représente différentes locutions conjonctives.

    Il représente : afin que. Que se met pour afin que, M. d'Ablancourt disant dans son Lucien : Monte vite, que je t'attache, Vaugelas, Nouv. Rem. Observ. de M*** p. 485, dans POUGENS. Faites, faites entrer ce héros d'importance, Que je fasse un essai de mon obéissance, Corneille, Sertor. II, 2. Rendez-vous propre mon expérience : que j'aie vécu pour vous et pour moi, Maintenon, Lett. à M. d'Aubigné, 25 juin 1684. Dans une phrase interrogative, il représente : qui fait que, pour que. Mais que vous a-t-il fait, que pour lui seulement Vous vous rendiez rebelle à mon commandement ? Corneille, la Suiv. V, 8. Qu'est-ce que l'homme, ô grand Dieu, que vous en faites état et que vous en avez souvenance ? Bossuet, Sermons, Quinquag. I. Qu'avez-vous donc, dit-il, que vous ne mangez point ? Boileau, Sat. III.

    Accompagné de ne, il représente : de peur que. Fuyez, qu'à ses soupçons il ne vous sacrifie, Corneille, Médée, I, 5. Cliton, ne raille point, que tu ne me déplaises, Corneille, Ment. V, 4.

    Il représente : avant que. Je pensai… que je ne devais point entreprendre d'en venir à bout [établir des principes de la philosophie], que je n'eusse atteint un âge bien plus mûr que celui de vingt-trois ans que j'avais alors, Descartes, Méth. II, 13. Ne venez point ici que vous n'ayez de mes nouvelles, Sévigné, à Ménage, 1650. Il n'y a point au monde de si pénible métier, que celui de se faire un nom : la vie s'achève que l'on a à peine ébauché son ouvrage, La Bruyère, II.

    Il représente : et néanmoins. L'ennemi semblerait dispersé, que l'on devrait veiller encore. De telles nouvelles seraient indubitables, que je ne les tairais pas moins. On est souvent un fort honnête homme, qu'on n'est pas un très bon chrétien, Sévigné, 4 oct. 1677.

    Il représente : pendant que. La voiture aux provisions est venue, que j'étais malade, Rousseau, Lett. à M. de Lorenzy, 3 nov. 1760.

    Il représente : si bien, de telle façon que. J'ai une tendresse pour mes chevaux, qu'il me semble que c'est moi-même, Molière, l'Av. III, 5. Par un prompt désespoir souvent on se marie, Qu'on s'en repent après tout le temps de sa vie, Molière, Femm. sav. V, 5. Je suis dans une colère, que je ne me sens pas, Molière, Mar. forcé, 6. Il sera berné… qu'il n'y manquera rien, Regnard, Attendez-moi sous l'orme, 14.

    On dit de même : Que c'est une bénédiction. Elle engraissait, que c'était une bénédiction, Hamilton, Gramm. 10. Quand le Camus disait mon frère le cardinal, il se rengorgeait que c'était un plaisir, Saint-Simon, 281, 72.

    Que signifiant de ce que. Nous faisions la guerre au bonhomme d'Andilly, qu'il avait plus d'envie de sauver une âme qui était dans un beau corps qu'une autre, Sévigné, 19 août 1676.

    Que signifiant à ce que. Je comprends qu'en effet vous perdez un peu que je ne sois plus à Paris, Sévigné, 17 mai 1680.

    Que signifiant lorsque. La vie est trop courte, et la mort nous prend, que nous sommes encore tout pleins de nos misères et de nos bonnes intentions, Sévigné, 27 juin 1679. Vous croyez avoir résisté jusqu'au sang et remporté la victoire, qu'il faut recommencer le combat, Massillon, Mystères, Résurrect. Je n'avais aucune idée des choses, que tous les sentiments m'étaient déjà connus, Rousseau, Conf. I.

    Que signifiant puisque. Sans doute vous avez été malade, qu'on ne vous a vu depuis six mois. Vous êtes donc brouillé avec lui, que vous ne lui parlez plus ? Comment voudriez-vous qu'ils [vos chevaux] traînassent un carrosse, qu'ils ne peuvent pas se traîner eux-mêmes ? Molière, l'Av. III, 5.

    Il représente : depuis que. Il y a dix ans qu'il est parti.

    Il représente : autant que. Fîtes-vous jamais la cuisine ? - Non, dit-elle, qu'il me souvienne, Courier, Conversation chez la comtesse d'Albany.

    Que… ne signifiant sans que. Et ce bien, par la fraude entré dans ma maison, N'en sera point tiré que dans cette sortie Il n'entraîne du mien la meilleure partie, Molière, le Dép. III, 3. Je vous donne avis qu'il n'avouera jamais qu'il est médecin, que vous ne preniez chacun un bâton, et ne le réduisiez à force de coups, Molière, Méd. mal. lui, I, 5. Il aime quelquefois sans qu'il le sache bien, Et croit aimer aussi parfois, qu'il n'en est rien, Molière, Mis. IV, 1.

  • 10Il est corrélatif de tel, quel, même, autre. Tout autre que mon père L'éprouverait sur l'heure, Corneille, Cid, I, 5. Montre-toi digne fils d'un père tel que moi, Corneille, ib. I, 5. Et moi, ma fille, je vous aime avec la même inclination que ce fleuve [le Rhône] va de Lyon à la mer ; cela est un peu poétique, mais cela est vrai, Sévigné, 30 juill. 1677. Quel grand homme que ce Guillaume prince d'Orange ! Voltaire, Dict. phil. Venise.

    On trouve quelquefois, dans ces phrases, après que l'ellipse de celui, celle, ceux, celles. Mon père, trop sensible aux droits de la nature, Quitta tout autre soin que de sa sépulture [de mon frère], Corneille, Médée, III, 3.

    Il est corrélatif aussi des adverbes de comparaison et des comparatifs. Il est plus heureux que sage. Rien ne l'a tant réjoui que d'apprendre… Si peu que rien. Il y a dans la jalousie plus d'amour-propre que d'amour, La Rochefoucauld, Max. 324. Il n'est meilleur ami ni parent que soi-même, La Fontaine, Fabl. IV, 22. Les rois non plus que le soleil n'ont pas reçu en vain l'éclat qui les environne, Bossuet, Marie-Thér. La reine pleine de foi ne se propose pas un moindre modèle que Marie, Bossuet, ib. Notre reine heureuse par la naissance qui lui rendait la piété aussi bien que la grandeur comme héréditaire…, Bossuet, ib.

    Que bien que mal, en partie bien, en partie mal. La volatile malheureuse… Droit au logis s'en retourna : Que bien, que mal elle arriva Sans autre aventure fâcheuse, La Fontaine, Fabl. IX, 2.

    On dit aujourd'hui plutôt : tant bien que mal.

    Si… que, dans le sens de assez… pour. Je fus si heureux que de faire d'abord amitié avec lui, Guez de Balzac, à la reine de Suède.

  • 11Que signifiant si ce n'est, autre que, autrement que. Par qui sont aujourd'hui tant de villes désertes ?… Que par ces enragés ? Malherbe, II, 12. Combien de divers automates ou machines mouvantes l'industrie des hommes peut faire, sans y employer que fort peu de pièces ! Descartes, Méth. V, 9. Le chasser, c'est vous faire un puissant ennemi, Sans obliger par là le vainqueur qu'à demi, Corneille, Pomp. I, 1. Et sa manne cachée est difficile à voir Qu'à ces yeux épurés que la grâce illumine, Corneille, Imit. I, 1. Le désir de savoir est naturel aux hommes ; Il naît dans le berceau sans mourir qu'avec eux, Corneille, ib. I, 2. C'est de vous que mes vers attendent tout leur prix… Eh ! qui connaît que vous les beautés et les grâces ? La Fontaine, Fabl. VII, Dédic. à Mme de Montespan. Hélas, suis-je en pouvoir de faire des résolutions ? et, dans la dépendance où je me vois, puis-je former que des souhaits ? Molière, l'Av. IV, 1. Ont-elles répondu que oui et non à tout ce que nous avons pu leur dire ? Molière, Préc. 1. Descendons-nous tous deux que de bonne bourgeoisie ? Molière, Bourg. gent. III, 12. Il est impossible de faire une démarche avec sens et jugement, qu'en la réglant par la vue de ce point [l'immortalité de l'âme], qui doit être notre dernier objet, Pascal, Pens. IX, I, édit. HAVET. Rien ne donne l'assurance que la vérité, Pascal, ib. XXIV, 21. La pratique générale et universelle défendait de communier les pécheurs qu'après l'accomplissement de leur pénitence, Arnauld, Fréq. communion, 2e part. ch. 15. Il ne dit pas une parole qu'en italien, Sévigné, 2 sept. 1676. Point de fièvre, qu'intérieure et imperceptible, Sévigné, 17 nov. 1688. À quoi peut-il aboutir qu'à notre perte ? Bourdaloue, Carême, III, 3, Pas. de Dieu, 19. D'où lui peut venir cette force que de Dieu ? Bourdaloue, Dominic. I, Sainteté et force de la loi, 242. Après qu'il eut perdu toute espérance d'en pouvoir obtenir que de l'amitié, Fléchier, Grands jours d'Auvergne, p. 13e, 2e édit. Vous voyez des gens qui entrent sans saluer que légèrement, La Bruyère, VIII. Vos esclaves me disent que vous êtes enfermé, et que vous ne pouvez me recevoir que d'une heure entière, La Bruyère, VI. Pourquoi le temps vous est-il donné, que pour demander à Dieu qu'il oublie vos crimes ? Massillon, Carême, Prière 1. Et la supériorité que lui donnait le rang et le mérite, l'aperceviez-vous que dans le soin aimable qu'il avait de l'oublier ? Massillon, Or. fun. Prince de Conti. Ai-je fait un seul pas que pour te rendre heureuse ? Voltaire, Alz. I, 4.
  • 12Que précédé de pas ou de point, et signifiant si ce n'est. Ils ont vu Rome libre autant qu'ils ont vécu, Et ne l'auront point vue obéir qu'à son prince, Corneille, Hor. III, 6. Je jure les rayons du jour qui nous éclaire Que tu ne mourras point que de la main d'un père, Corneille, le Ment. V, 3. Le sujet est simple et du nombre de ces événements connus, où il ne nous est pas permis de rien changer qu'autant que…, Corneille, Sert. Au lecteur. M. d'Ormesson n'a point découvert cela que lorsqu'il n'y a plus eu de remède, Sévigné, 11 déc. 1664. Mardi ils [les juges de Fouquet] s'assembleront tous dès le matin, et ne se sépareront point qu'après avoir donné un arrêt, Sévigné, ib. Nous n'avons point de roi que César, Bossuet, Hist. II, 10. L'Égypte n'avait point vu de grands édifices que la tour de Babel, quand elle imagina ses pyramides, Bossuet, ib. III, 3.

    Cette locution a vieilli, et c'est dommage. En tout cas, il faut se garder de la confondre avec la locution vicieuse où ne… que est joint à pas ou à point : Je n'ai pas que cela à faire (voyez ci-dessous la remarque 1).

  • 13Ne pouvoir pas… que… ne, c'est-à-dire il est impossible que… ne. Dans le fond, je suis de votre sentiment, et vous ne pouvez pas que vous n'ayez raison, Molière, l'Av. I, 7.

    On dit de même : il n'est pas que… ne… Il n'est pas que vous ne sachiez quelques nouvelles de cette affaire, Molière, l'Avare, V, 2.

  • 14Non que…, c'est-à-dire il ne faut pas dire que… Non que pour cela j'osasse entreprendre d'abord d'examiner toutes celles difficultés] qui se présenteraient, Descartes, Méth II, 13.
  • 15Ne… que signifiant seulement. Je ne veux que le voir. Je n'ai de volonté que la tienne. Je ne possède de maison que celle que j'habite. On n'entend que des cris, on ne voit que des larmes, Corneille, Cid, III, 6. Je ne vous reproche pas de craindre les juges, mais de ne craindre que les juges ; c'est cela que je blâme, Pascal, Prov. XII. Inconnu dans l'église, ignoré dans ce lieu, Je ne pourrai donc plus être vu que de Dieu, Boileau, Lutr. IV. Ce n'est que dans le siècle de Jésus-Christ qu'on a commencé à parler de tous ces messies, Bossuet, Hist. II, 10. Je serais au désespoir qu'on me soupçonnât d'avoir été le traducteur de ce livre hardi [l'ABC], dans mon jeune âge ; car, en 1762, je n'avais que soixante-neuf ans, Voltaire, Lett. Mme du Deffant, 26 déc. 1768. Allons ; et pour Camille elle n'a qu'à dormir, Chénier, Élég. XVII. Ne… que, avec un comparatif ou avec trop, sert à affirmer plus fortement. Il n'y a que trop longtemps que vous trompez le monde, et que vous abusez de la créance qu'on avait en vos impostures, Pascal, Prov. X. Vos conseils sur mon cœur n'ont eu que trop d'empire, Racine, Iphig. I, 3. L'auteur n'est pas l'ami du comte de Lalli ; il s'en faut beaucoup ; son témoignage n'en est que plus recevable quand il atteste les mêmes griefs qui faisaient le désespoir de Lalli, Voltaire, Louis XV, 34.

    Ils ne font que sortir, ils sortent à chaque instant.

    Ils ne font que de sortir, ils viennent de sortir.

    Ne… que s'explique par une ellipse : Il n'y a que lui, il n'y a [autre] que lui ; il n'est que blessé, il n'est [autre chose] que blessé.

  • 16Il n'est que de, voy. ÊTRE 1, n° 14.
  • 17Il sert à former un grand nombre de locutions conjonctives : avant que, après que, afin que, dès que, loin que, sans que, soit que, etc.
  • 18Il remplace comme, quand, si, lorsqu'à des propositions qui commencent par ces mots, on en joint d'autres de même nature. Comme nous avons déjà dit, et que nous le verrons plus clairement ailleurs, Bossuet, Connaiss. I, 17. Si, selon la doctrine du grand apôtre, on trouve la sainteté dans les emplois les plus bas, et qu'un esclave s'élève à la perfection, Bossuet, le Tellier. Quand tout cédait à Louis et que nous crûmes voir revenir le temps des miracles où les murailles tombaient au bruit des trompettes…, Bossuet, Mar.-Thér.

    Que, remplaçant comme et quand, veut l'indicatif. Remplaçant si, il veut le subjonctif ; cependant, par exception, on trouve aussi l'indicatif. Si je n'ai pas eu des sentiments humbles, et que j'ai élevé mon âme, Seigneur, ne me regardez pas…, Bossuet, Polit. X, VI, 13.

    Que remplaçant pourquoi. C'est pourquoi il [Jésus-Christ] a souffert et est mort pour sanctifier la mort et les souffrances, et que, comme Dieu et comme homme, il a été tout ce qu'il y a de grand et tout ce qu'il y a d'abject, Pascal, Lett. sur la mort de son père. Pourquoi avez-vous tous conspiré contre moi, et que personne ne m'avertit où est le fils d'Isaïe ? Bossuet, Pol. III, II, 10. Pourquoi dit-on prêter l'oreille, et que prêter les yeux n'est pas français ? Voltaire, Comm. Corn. Rem. Rodog. V, 3. [Réaumur m'apprendra-t-il] Pourquoi l'aspic affreux, le tigre, la panthère N'ont jamais adouci leur cruel caractère, Et que, reconnaissant la main qui le nourrit, Le chien meurt en léchant le maître qu'il chérit ? Voltaire, Sur la modération.

    Que remplaçant jusques à quand. Jusques à quand jugerez-vous avec injustice, et que vous regarderez, en jugeant, non le droit, mais les personnes ? Bossuet, Polit. VIII, I, 1.

  • 19Que précède élégamment la conjonction si au commencement d'une phrase. Détale vite et cours ; Que si ce loup t'atteint, casse-lui la mâchoire, La Fontaine, Fabl. VIII, 17. Que si le mort n'était convaincu d'aucune faute, on l'ensevelissait honorablement, Bossuet, Hist. III, 3. Que si son rang la distinguait, j'ai eu raison de vous dire qu'elle était encore plus distinguée par son mérite, Bossuet, Duch. d'Orl.
  • 20Que corrélatif de ce. Si je ne vais plus chez vous, c'est que je crains d'y rencontrer votre cousin. C'est là que ceux qui étaient autrefois enchaînés ensemble ne souffrent plus aucun mal, Sacy, Bible, Job, III, 18. C'est de vous que mes vers attendent tout leur prix, La Fontaine, Fabl. VII, à Mme de Montespan. S'il [l'enfant] n'a l'oiseau, c'est fait que de sa vie, La Fontaine, Fauc.

    En cette construction, que de se met souvent devant un infinitif. Ce n'est pas ce qu'on croit que d'entrer chez les dieux : Cet honneur a souvent de mortelles angoisses, La Fontaine, Fabl. XII, 11. C'est donner que de faire un marché de cette sorte, Sévigné, 187. Dans quelque prévention où l'on puisse être sur ce qui doit suivre la mort, c'est une chose bien sérieuse que de mourir, La Bruyère, XVI.

    On supprime quelquefois le de. C'est crime qu'envers lui se vouloir excuser, Corneille, Hor. V, 2. Ô l'utile secret que mentir à propos ! Corneille, Ment. II, 6. C'est l'acheter trop cher que l'acheter d'un bien Sans qui les autres ne sont rien, La Fontaine, Fabl. IV, 13.

    Souvent, dans ces tournures, que s'emploie pour donner plus de force à ce qu'on dit. Tant c'est chère denrée Qu'un protecteur ! La Fontaine, Fabl. VIII, 18. Bon ! voilà ce qu'il nous faut, qu'un compliment de créancier, Molière, D. Juan, IV, 2. La douce chose que d'aimer, lorsque l'on ne voit point d'obstacle à ces aimables chaînes dont deux cœurs se lient ensemble ! Molière, Scapin, III, 1. C'est peut-être la décision de la destinée de Mlle de Grignan que ce voyage, Sévigné, 12 mai 1680. Ce m'est une religion que la vénération que j'ai pour cette maison, Sévigné, 22 mai 1682. C'est un malheur inséparable du bien qu'a produit l'imprimerie, que cette foule de pièces scandaleuses publiées à la honte de l'esprit et des mœurs, Voltaire, Charles XII, Lett. Norberg. Étonnant mystère que l'amour ! Staël, Corinne, XVIII, 5.

  • 21 Familièrement. Si j'étais que de vous, ou si j'étais de vous, voy. ÊTRE 1, n° 12. Le duc de Créquy, en parlant au maréchal de Clérambault, lui dit dans la chaleur de la conversation : Monsieur le maréchal, si j'étais que de vous, je m'irais pendre tout à l'heure. Hé bien, lui répliqua le maréchal, soyez que de moi, Opusc. lang. franç. p. 256, dans POUGENS.
  • 22Cela ne laisse pas que d'être inquiétant, voy. LAISSER, n° 20.
  • 23Oh que non, que non, que non pas, se dit dans le langage familier, pour : non. Vous bavarderez : oh que non ! Louis : Répondez : n'avez-vous pas vos maux, Partant des médecins ? - Marcel : Oui-da ! pour nos troupeaux ; Mais pour nous, que non pas ! Delavigne, Louis XI, III, 3.

    Que si, que non, querelle, dispute. Sur le que si, que non tous deux étant ainsi, La Fontaine, Fabl. IX, 14. On la reçut [la Discorde] à bras ouverts, Elle et que si que non, son frère, Avecque tien et mien, son père, La Fontaine, ib. VI, 20.

    Être toujours sur le que si, que non, être toujours prêt à contrarier.

    Que non pas, correspondant à un comparatif. Tout ce que vous m'avez dit, je l'aime mieux une feinte, que non pas une vérité, Molière, Princ. d'Él. V, 2. Cette tournure a vieilli ; pourtant elle est indispensable quand la construction amènerait deux que de suite : il vaut mieux tuer le diable, que non pas que le diable nous tue (voy. NON, n° 5).

REMARQUE

1. " à Rome, il n'y avait pas que les esclaves qui fissent le métier de gladiateurs. Construction barbare, bien que fort usitée aujourd'hui. On n'en trouverait pas un seul exemple dans toute la littérature française avant la fin du XVIIIe siècle. Le plus ancien que j'aie rencontré est de Maurice Dupin, petit-fils du maréchal de Saxe et père de Mme Sand. C'est dans une lettre qu'il écrit à sa mère en 1798. Je ne connais, avant cette date, aucun exemple de pareille faute dans les écrivains français. Grammaticalement, cette construction signifie précisément le contraire de ce qu'on veut lui faire dire quand on l'emploie aujourd'hui. Je n'en veux pour preuve que les vers de Corneille (voy. ci-dessus, n° 11 : Ils ne l'auront point vue obéir qu'à son prince, c'est-à-dire si ce n'est à son prince). Tel est le sens français et correct de cette tournure, quoique aujourd'hui un grand nombre de personnes et même d'écrivains l'emploient fréquemment dans le sens opposé. Pour eux, le vers de Corneille voudrait dire : ils ne l'auront point vue obéir seulement à son prince ; c'est justement tout le contraire. Voici d'où vient la confusion : ils s'imaginent que cette tournure il n'y a pas que, est l'opposé de il n'y a que ; tandis qu'au fond, soit grammaticalement, soit logiquement, ces deux tournures ne sont qu'une ; témoin le vers de Corneille. En effet, en ajoutant simplement le mot pas à la tournure il n'y a que, on croit ajouter une seconde négation à la première, ce qui serait nécessaire pour que l'une des tournures signifiât le contraire de l'autre ; mais, en réalité, on n'y ajoute rien du tout, si ce n'est le mot pas, mot purement explétif, qui, soit qu'on le mette, soit qu'on l'omette, fait virtuellement partie de la première négation, et ne saurait, à lui tout seul, en constituer une seconde (voy. ci-dessous un exemple de Marot où pas joue exactement le rôle que lui attribue M. Deschanel en cette locution). Ne tout seul, ou, à volonté, ne pas n'est qu'une seule et même négation. Corneille a bien dit ce qu'il voulait dire ; mais les auteurs d'à présent, se servant de la même tournure pour signifier le contraire, font un barbarisme de phrase et un non-sens, " DESCHANEL, Journ. des Débats, 23 août 1860. En place de la construction vicieuse : Il n'y a pas que lui qui ait fait cela, on dira : Il n'y a pas seulement lui qui a fait cela, ou mieux Il n'est pas le seul qui ait fait cela ; Je n'ai pas vu que lui, dites : Il n'est pas le seul que j'aie vu. C'est par une autre tournure heureuse et juste que la Fontaine a exprimé ce que nous rendons par cette locution barbare de ne… pas… que : Moins d'ennemis attaquent leur pudeur [des femmes du monde] ; Les autres [les cloîtrées] n'ont pour un seul adversaire : Tentation, fille d'oisiveté ! La Fontaine, Mazet.

2. Je voudrais qu'il vienne ou qu'il vînt. L'imparfait exprime une contemporanéité : Quand j'avais de l'argent, je le dépensais. Semblablement, le conditionnel exprimant une contemporanéité avec la condition, on met à l'imparfait le verbe du membre où la condition est exprimée : Si j'avais de l'argent, je le dépenserais. Semblablement enfin on met l'imparfait du subjonctif dans le membre subordonné : Si j'avais de l'argent, je le dépenserais de manière qu'il profitât. Mais cela est une pure affaire d'oreille ; la syntaxe n'y est pour rien ; bien plus l'idée est non d'un passé, mais d'un futur ; et il serait peu usité, mais non fautif de dire : de manière qu'il profite. Cette liberté devient encore plus effective quand le conditionnel est pris absolument et sans condition exprimée ; alors il est non-seulement permis de mettre le présent du subjonctif, mais, la plupart du temps, cela vaut mieux que l'imparfait et est moins apprêté et moins puriste : Je voudrais qu'il vienne ou qu'il vînt ; il me serait agréable que cela se fasse ou se fît ; je désirerais que vous passiez chez moi, et non que vous passassiez, etc.

HISTORIQUE

Xe s. Elle n'out escoltet les mals conseilliers, Qu'elle Deo raneiet [renie], Eulalie. El li enorte, dont lei nonque chielt [dont elle ne se soucie], Qued elle fuie le nom christien, ib. Dunc si rogavit Deus ad un verme, que percussist cel edre [ce lierre], Fragm. de Valenc. p. 468. Preietz [priez] li que de cest periculo nos liberat, ib. p. 469.

XIe s. Par le sien Deu, qu'il ait mercit de mei, Ch. de Rol. VI. Jà [il] ne verrat passer cest premer meis Que jel suivrai…, ib. Sa coustume est qu'il parole à leisir, ib. Se Deus ce done que je de là repaire…, ib. X. Pierre n'i a que toute ne seit neire, ib. LXXVI. Al champ estez, que ne seions vaincuz, ib. LXXX. Sa hanste est fraite, [il] n'en a que un tronçon, ib. CIV. Quant tu es mors, dolur est que je vif [vive], ib. CXLIX.

XIIe s. Entre ci que as portes n'i ot arrestoison [de l'ennemi], Sax. VIII. Que Dex par sa vertu vous ramaint sauvement ! ib. XX. Plus [ils] ont paor de mort que n'aient de prison, ib. XXII. Il parla hautement, que l'oïrent plusors [plusieurs], ib. XXVII.

XIIIe s. Bien i ot vint mile home que femes que enfans, Villehardouin, CLXV. La quarte bataille fist li quens Looys de Blois et de Chartain, et moult ert grans et redoutée, que [car] moult i avoit de bone gent et bons chevaliers, Villehardouin, LXIX. Tant chevaucha li empereres Alexis, qu'il fu près de nostre gent, si que bien porent traire des unes batailles aus autres, Villehardouin, LXXXII. Charles Martiaus saut sus, que il plus ne detrie [retarde], Berte, II. La clarté [elle] fait oster, qu'on n'i put rien choisir [voir], ib. XII. Car encor cuidoit-ele que ce fust amisté, ib. X. Puis [elle] dist entre ses dens, que nuls ne l'a oït…, ib. LIII. Si soit m'ame assolue, que c'est Berte vo [votre] femme ! ib. CXXIV. Après ce que Symons fu ainsi adoubés, Et que li rois li ot donné grans herités, ib. CXXXII. Puis qu'ainsi est la chose et venue et alée, Et que…, ib. CXV. Que vont querant cil fol bergier, Qu'il ne vienent à ma dame servir ? Hues de la Ferté, Romanc. p. 184. Et li homme estoient si baignié, que tout estoient tout ensi comme mort que de la gielée, que du froit, H. de Valenciennes, XXVIII. Si m'en estors [m'en tirai] au miex que poi [je pus], Retenuz i fusse à bien poi ; Mès que fuiant, que deffendant… Maugré trestoz mes anemis Fis-je tant que el bois me mis, Ren. 8723. J'atens par vous joie et santé ; Que jà par autre ne l'auré, la Rose, 1921. Que se il ne respondeit, il n'i poreit avoir esguart, Ass. de J. 76. Le rei dou roiaume de Jerusalem ne tient son roiaume que de Dieu, ib. I, 29. Que ce soit voirs [vrai] que escuiers pot avoir, quant il se combat, capel de fer à visiere et les autres armes que noz avons dites, il apert par la bataille qui fu…, Beaumanoir, LXI, 63. Quant le roy vit que il n'avoit pooir d'ilec demourer, que [sans que] mourir ne le convenist li et sa gent, il ordena et atira [disposa]…, Joinville, 237.

XIVe s. Ainsi furent ils trois jours et trois nuits sans pain… et après, par l'espace de quatre jours, qu'il leur convenoit acheter un pain mal cuit six esterlins, qui ne dust valoir qu'un parisis…, Froissart, I, I, 39. Pour garder les destroits et les passages contre les Anglois, qu'ils ne passassent d'Angleterre par deça la mer pour venir en France, Froissart, I, I, 78. Et fit garder le Havre et le port de Calais, si près que rien n'y pouvoit entrer ni issir, que tout ne fust confondu, Froissart, I, I, 315. Estoyent bien six mille hommes, qu'uns qu'autres, Froissart, liv. I, p. 103, dans LACURNE. Car leur langue mal parliere Tourne que [comme] moulins à vent, Froissart, Poésies mss. p. 22, dans LACURNE. Mais trop fort esprouvé ai De son regart Comment li rai Sont trencant que [comme] fers de haste, ib. p. 145. Il n'est qu'un roy qui ait titre certain, Et tous regnes procedent de ce roy : C'est un seul Dieu, qui est le souverain, Deschamps, Ball. Amour de Dieu. Il les fist demourer devant l'hostel de la ville, et qu'ilz le attendissent, Commines, II, 4. Quant ilz furent joinctz, celluy qui estoit dessus l'arbre demanda à son compaignon par serment ce que l'ours luy avoit dit en l'oreille, que si long-temps lui avoit tenu le museau contre l'oreille, Commines, IV, 3. Et depuis le traicté d'Arras avoient peu veu de guerre qui eust duré, et à mon advis qu'ilz avoient esté en repos plus de trente-six ans, Commines, I, 2. Entre les Bourguignons lors c'estoient les plus honorez que ceulx qui descendoient avec les archiers, Commines, I, 3. Ils venoient à nous dix hommes, vingt hommes, que de pied que de cheval, Commines, I, 4. Incontinent que les nouvelles vindrent, à grant peine se peurent ilz sauver qu'ilz ne feussent prins, Commines, V, 2. Il ne falloit que tenir encores trois jours qu'ilz ne eussent eu du secours, Commines, V, 5. Et qu'il luy diroit chose qu'il ne vouldroit pour une duché qu'il ne le seust, Commines, V, 6. Ainsi que fut ledit Pierre à Florence, tout homme luy fit mauvais visage, Commines, VII, 8.

XVIe s. Ô que bien heureux feut celluy qui…, Rabelais, Pant. II, 2. À quoy luy feut respondu que ouy, Rabelais, ib. II, 10. Ô le bon compagnon que c'est ! Rabelais, ib. I, 39. Mis ordre qu'elle eut à ces choses, elle monte à cheval, Beaugué, Guerre d'Écosse, I, 14. Que l'on choisisse la quelle qu'on voudra de ces deux definitions, Calvin, Inst. 1027. Tant s'en falloit, que les femmes feussent si faciles, comme l'on dit qu'elles furent depuis, que l'on ne sçavoit anciennement en la ville Sparte, que c'estoit que d'adultere, Amyot, Lyc. 31. Mais qui dirons nous, luy demanda lors Artabanus, que tu sois ? Amyot, Thém. 49. Ilz estimoient estre plus expedient que leurs officiers eussent en reverence les cerimonies du service des dieux, que qu'ilz vainquissent en bataille leurs ennemis, Amyot, Marcel. IV. Il la feit transporter, qu'elle estoit encore vivante, en une autre maison, Amyot, Sylla, 71. Des cachettes que personne ne sçavoit que luy, Amyot, Lucul. 64. Sa gravité estoit meslée d'une maniere de crainte, qu'il [de sorte qu'il] sembloit qu'il redoubtast la presence du peuple, Amyot, Nicias, 3. Caesar leur commanda qu'ilz s'en saisissent sans tuer ny blecer personne, et sans esmouvoir tumulte, que le moins qu'il leur seroit possible, Amyot, César, 41. Il tua sur le champ cinquante mille hommes de ses ennemis, sans perdre que cinquante soudards, Amyot, ib. 69. Ils renvoyerent le mesme messager par le mesme chemin qu'il estoit venu, Amyot, Cam. 45. Ô que cela me vient bien mal à poinct ! Du Bellay, J. III, 55, recto. Qu'est plus sainct entre les roys Que les droicts De ceste charge honnorable ? Du Bellay, J. III, 56, verso. … Et que le mal qui en pourroit venir Ne pourroit pas tumber que sur la teste Du mal parlant, qui trop se monstra beste, Marot, I, 356. Vous vous plaingnez que rien je ne vous donne, Et je me plains que je n'ay que donner, Marot, III, 79. N'osant parler, que de sa gorge n'ysse Mugissement, comme d'une genisse, Marot, IV, 53. Il y a si long temps que nous n'avons eu que malades icy, que je n'eusse sceu escripre que mauvaises nouvelles, Marguerite de Navarre, Lett. XI. Croyés que jamais je ne congneus que c'est d'ung frere que maintenant, Marguerite de Navarre, ib. XXXIII. J'espere, si le temps s'adoulcist ou qu'elle [la malade] fasse une pierre [un calcul], que ce sera la guerison, Marguerite de Navarre, ib. XL. Ils ne le feront pas, que le medecin ne leur ayt…, Montaigne, I, 72. Pourtant est à Socrates action divine que la generation, Montaigne, I, 99. Pauvre fol que tu es, Montaigne, I, 73. Ô le beau garçon que voilà, Montaigne, I, 127. Bien crains-je que nous lui aurons [au nouveau monde] très fort hasté sa ruine par nostre contagion, et que nous luy aurons bien cher vendu nos opinions et nos arts, Montaigne, III, 6. Il faut que les seigneurs s'esveillent avant que ceux qui sont à leurs services, et qu'ils…, La Boétie, 97. C'estoit une conspiration contre verité, que ce qui fut arresté en leur assemblée [des évêques ariens], et non pas une saincte union de volontez, Lanoue, 66. Tu es un heretique ; et, à la verité, c'est un mot qui est aujourd'hui fort commun en la bouche de plusieurs, et s'en trouvent que, si on leur avoit osté l'usage de ceste parole… ils seroient aussi estonnez qu'un avaricieux qui a perdu sa bourse, Lanoue, 71. Envieilli par les blessures qui lui perçoient le visage, et mesmes qu'il en avoit dans la bouche, D'Aubigné, Hist. II, 334.

ÉTYMOLOGIE

Picard, eq, eque ; provenç. et espagn. que ; ital. che ; du lat. quod (voy. QUE 1).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

2. QUE. Ajoutez :
9Que, seul avec le verbe au subjonctif, signifiant s'il arrive que… Taisez-vous, Lui dis-je, ou que je vous entende ! Béranger, Le troisième mari. C'est une sorte de menace : si je vous entends, je me fâcherai.

REMARQUE

Ajoutez :

3. L'usage ancien admettait en certains cas un que explétif, que l'usage moderne rejette. Il me fit… L'honneur que d'approuver mon petit jugement, Régnier, Sat. VIII.

4. Régnier a dit : Mais étant mauvais peintre ainsi que mauvais poëte, Et que j'ai la cervelle et la main maladroite, Régnier, Sat. X. Et que représente et étant. Cette tournure n'est plus en usage.

5. Je meure, s'est dit pour que je meure. C'est cela, ou je meure, interrompit le sultan : continuez, vous avez réellement bien de l'esprit, Crébillon, fils, le Sopha, ch. II. Cette locution n'est pas bonne ; elle prêterait à trop d'amphibologie.