« passion », définition dans le dictionnaire Littré

passion

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passion

(pâ-sion ; en vers, de trois syllabes) s. f.
  • 1Souffrance, en parlant de Jésus-Christ et des martyrs. La passion de Notre-Seigneur. L'illustre Grotius a mis sur la scène la passion même de Jésus-Christ et l'histoire de Joseph, et le savant Buchanan a fait la même chose de celle de Jephté et de la mort de saint Jean-Baptiste, Corneille, Poly. Examen. [ô Jésus] remplissez-moi de vous et de votre esprit… pour continuer d'endurer en moi ce qui vous reste à souffrir de votre passion, que vous achevez dans vos membres jusqu'à la consommation parfaite de votre corps, Pascal, Prière pour le bon usage des maladies. Il n'y a personne qui ne soit touché quand on les voit [les martyrs], dans leur passion, entre les mains des persécuteurs, Bossuet, 5e avert. 12.

    Fig. et familièrement. Souffrir mort et passion, éprouver de grandes douleurs, ou, simplement, éprouver de vives contrariétés. Tous les cheveux coupés sur la tête, et frisés naturellement par cent papillotes qui lui font souffrir mort et passion toute la nuit, Sévigné, 29. Quoiqu'il souffrît mort et passion de ce qu'il fallait se contraindre, tandis qu'on se contraignait si peu devant lui, Hamilton, Gramm. 8.

    La semaine de la Passion (avec une majuscule), celle qui précède la semaine sainte. Nous attendons et entendons le P. Massillon, le lundi de la Passion, Maintenon, Lett. au card. de Noailles, 3 mars 1706.

    Le dimanche de la Passion, le dimanche qui ouvre cette semaine.

    Terme de liturgie. Nom sous lequel on désignait autrefois tout le carême.

  • 2 Par extension, sermon sur la passion, qu'on prêche le vendredi saint. Je veux demain aller à la passion du P. Bourdaloue ou du P. Mascaron ; j'ai toujours honoré les belles passions, Sévigné, 34. J'ai entendu la passion du P. Mascaron, qui en vérité a été très belle et très touchante ; j'avais grande envie de me jeter dans le Bourdaloue ; mais l'impossibilité m'en a ôté le goût : les laquais y étaient dès mercredi, et la presse était à mourir, Sévigné, 35.
  • 3La partie de l'Évangile où est racontée la passion de Jésus-Christ. La passion selon saint Jean. Chanter la passion.

    Se dit, parmi le peuple, de la sonnerie qu'on fait à l'Église pendant l'agonie d'un mourant, ou au milieu de la messe vers la consécration.

    Oratorio. La Passion de J. Sébastien Bach selon saint Matthieu.

  • 4Confrères de la Passion, association de jeunes clercs qui, sous le règne de Charles VI, entreprirent de jouer publiquement des mystères, et qui devinrent finalement les comédiens de l'hôtel de Bourgogne.

    Filles de la Passion, nom que l'on donnait quelquefois aux capucines.

  • 5 Terme de blason. Clous de la passion, se dit de clous d'une forme particulière.

    Croix de la passion, croix dont la barre est placée vers le haut.

  • 6Ancien terme de médecine. Certaines maladies douloureuses. Ainsi on appelait l'hystérie, passion hystérique, l'iléus, passion iliaque.
  • 7Mouvement de l'âme, en bien ou en mal, pour le plaisir ou pour la peine. Ils ne peuvent tirer de leur âme leur raison toute simple et toute pure, sans la mêler dans leurs passions, Guez de Balzac, De la cour, 5e disc. Suis moins ta passion, règle mieux tes désirs, Corneille, Hor. IV, 5. La durée de nos passions ne dépend pas plus de nous que la durée de notre vie, La Rochefoucauld, Max. 5. De toutes les passions violentes, celle qui sied le moins mal aux femmes, c'est l'amour, La Rochefoucauld, Réfl. mor. n° 466. La santé de l'âme n'est pas plus assurée que celle du corps ; et, quoique l'on paraisse éloigné des passions, on n'est pas moins en danger de s'y laisser emporter, que de tomber malade quand on se porte bien, La Rochefoucauld, ib. n° 188. En sachant la passion dominante de chacun, on est sûr de lui plaire, Pascal, Pens. VII, 14, éd. HAVET. Cette guerre intérieure de la raison contre les passions a fait que ceux qui ont voulu avoir la paix se sont partagés en deux sectes : les uns ont voulu renoncer aux passions, et devenir dieux ; les autres ont voulu renoncer à la raison, et devenir bêtes brutes, Pascal, ib. VIII, 8. Les passions dominées sont vertus, Pascal, ib. XXV, 104. Ce n'est pas la raison qui se sert des passions, mais ce sont les passions qui se servent de la raison pour arriver à leur fin, Nicole, Ess. mor. 1er traité, ch. 11. Nous pouvons définir la passion un mouvement de l'âme qui, touchée du plaisir ou de la douleur ressentie ou imaginée dans un objet, le poursuit ou s'en éloigne, Bossuet, Conn. I, 6. Le juste… persécuteur irréconciliable de ses propres passions, Bossuet, Reine d'Anglet. Le plaisir d'être maître de soi-même et de ses passions doit être balancé avec celui de les contenter, et il emportera le dessus, si nous savons comprendre ce que c'est que la liberté, Bossuet, Pensées chrét. 40. Aussi est-il constant que d'arracher du cœur une passion, c'est de toutes les entreprises la plus grande et celle où l'homme éprouve plus de combats et plus de contradictions, Bourdaloue, Pensées, t. I, p. 368. Quand Dieu a voulu punir les hommes sur la terre, et les plus grands hommes, il n'y a point employé de plus terrible châtiment que de les livrer à leurs passions, Bourdaloue, Exhort. sur la trahis. de Judas, t. I, p. 431. On lui dit mille fois qu'il fallait, pour réussir à la cour, savoir selon les temps ou déguiser ses passions, ou flatter celles des autres, Fléchier, Duc de Mont. Leur condition [des princesses] les oblige à se prêter quelquefois au monde… pour calmer et suspendre par d'honnêtes et nécessaires divertissements les passions secrètes qui le dévorent, Fléchier, Dauphine. Chaque passion parle un différent langage, Boileau, Art p. III. Je crois pouvoir dire que toutes les passions se peuvent rapporter aux trois primitives : savoir, au désir, à la joie et à la tristesse, Malebranche, Rech. vér. V, 10. Il ne faut donc pas multiplier le nombre des passions selon le nombre des objets qui sont infinis, mais seulement selon les principaux rapports qu'ils peuvent avoir avec nous, Malebranche, ib. V, 7. De cette manière on reconnaîtra que l'amour et l'aversion sont les passions mères, Malebranche, ib. Il n'a point de passions, il n'a ni amis ni ennemis, personne ne l'embarrasse, tout le monde lui convient, La Bruyère, XI. Tout ce qu'elle [la profession de M. Rolle] pouvait lui laisser de loisir, tout ce qu'il pouvait dérober au sommeil, la passion dominante [l'ardeur pour les mathématiques] le prenait, et l'on sait que les passions font toujours leur part assez bonne, Fontenelle, Rolle. Il reprit, à quatre-vingts ans, des forces, de la jeunesse pour revenir dans nos assemblées, où il parla avec toute la vivacité qu'on lui avait connue, et qu'on n'attendait plus ; une grande passion est une espèce d'âme, immortelle à sa manière et presque indépendante des organes, Fontenelle, du Verney. Les passions font tout en tous tant que nous sommes ; Réglons-les seulement, ne les étouffons point, Elles ont tout appris aux hommes, Lamotte, Fabl. V, 9. Il faut l'avouer à la honte de la raison, le plus sûr moyen et presque le seul que nous ayons pour nous guérir de nos faiblesses et de nos passions est de leur opposer des passions contraires, Mairan, Éloges, Hunauld. La passion fait sentir et jamais voir, Montesquieu, Rom. 12. La raison sans les passions serait presque un roi sans sujets, Diderot, Claude et Nér. II, 49. On déclame sans fin contre les passions ; on leur impute toutes les peines de l'homme, et l'on oublie qu'elles sont aussi la source de tous ses plaisirs, Diderot, Pens. philos. n° 1. Nos passions sont les principaux instruments de notre conservation, Rousseau, Ém. IV.

    Demi-passion, passion sans force et sans durée.

    Lâcher la bride à ses passions, s'y abandonner entièrement.

  • 8Il se dit quelquefois pour une passion en particulier.

    La colère. Malgré la passion dont elle était émue, Molière, l'Ét. V, 14.

    Le plus souvent, il se dit de la passion de l'amour. J'ai tendresse pour toi, j'ai passion pour elle, Corneille, Nicom. IV, 3. Il n'a pas fait voir assez de passion pour Camille, Corneille, Hor. Examen. Par un honneur qu'on se fait d'être constant, on entretient, plusieurs années, les misérables restes d'une passion usée, Saint-Évremond, dans RICHELET. Dans les premières passions les femmes aiment l'amant ; dans les autres elles aiment l'amour, La Rochefoucauld, Max. 471. Les morts sont donc heureux ? ce n'est point mon avis ; Je veux des passions, et, si l'état le pire Est le néant, je ne sais point De néant plus complet qu'un cœur froid à ce point, La Fontaine, Filles de Minée. Je vois les lettres de cette comtesse, que je trouve toutes pleines de passion pour son mari, Sévigné, 442. La qualité de nièce du vidame rendait Mme de Clèves plus chère à Mme de Martigues, et Mme de Clèves l'aimait aussi comme une personne qui avait une passion aussi bien qu'elle, et qui l'avait pour l'ami intime de son amant, La Fayette, Princ. de Clèves, Œuv. compl. t. II, p. 212, dans POUGENS. Demandez à ceux qui ont dans le cœur quelque passion violente, s'ils conservent quelque orgueil ou quelque fierté en présence de ce qu'ils aiment : on ne se soumet que trop, on n'est que trop humble, Bossuet, la Vallière. Il [Henri VIII] s'égara dans les passions qui ont perdu Salomon, Bossuet, Reine d'Anglet. Il arrive quelquefois qu'une femme cache à un homme toute la passion qu'elle sent pour lui, pendant que, de son côté, il feint pour elle toute celle qu'il ne sent pas, La Bruyère, III. Il semble qu'une passion vive et tendre est morne et silencieuse, La Bruyère, III. Cette infortunée créature qui avait allumé tant de passions injustes, Massillon, Avent, Mort du péch. On veut plaire, et l'on ne plaît que par les passions ou qu'on reçoit ou qu'on inspire, Massillon, Prof. rel. Serm. 1. Elle se sentit saisie tout à coup par la passion, par cette griffe de vautour sous laquelle le bonheur et l'indépendance succombent, Staël, Corinne, IV, 6.

    Une grande passion, les grandes passions, un amour qui s'empare de tout le cœur et qui se subordonne toute chose. Ceux qui ont eu de grandes passions, se trouvent toute leur vie heureux et malheureux d'en être guéris, La Rochefoucauld, Max. 485. C'est une chose presque reçue, qu'on doit dans le cours de sa vie éprouver une grande passion ; il n'y a point de jeunes personnes qui n'aient entendu parler de cette fatalité chimérique, Genlis, Ad. et Théod. t. I, p. 249, dans POUGENS.

    Une passion malheureuse, un amour qui n'est pas partagé. Il m'assure que, de tous les sentiments dont il a essayé jusqu'ici, celui qui occupe le plus l'imagination et qui remplit le mieux le cœur, c'est une passion malheureuse, Genlis, Mères rivales, t. I, p. 342, dans POUGENS.

    Fig. et par plaisanterie. Une passion malheureuse, une étude, un goût où l'on ne réussit pas. Il aime à faire des vers ; mais ses vers sont bien médiocres ; c'est une passion malheureuse.

    Faire une passion, une grande passion, exciter vivement l'amour. Il y avait à Marseille une madame Arnoul, qui, laide comme le péché, a fait les plus grandes passions, Saint-Simon, 68, 124. Laure était assez belle pour faire une passion, Rousseau, Hél. VI, 14.

    Aimer à la passion, aimer extrêmement. Il aime cette femme à la passion.

    Au XVIIe siècle, on a dit, en ce sens, passions au pluriel. Elle remarque en lui tant de perfections, Que les moins éclairés verraient ses passions, Corneille, Mél. II, 1. Je ne vous tiendrai plus mes passions secrètes, Corneille, Pomp. IV, 3. Mes faveurs ont toujours irrité ses mépris ; Toutes mes passions n'ont fait que lui déplaire, Tristan, Marianne, II, 6. Elle me donna tant de preuves de son gentil esprit, que je repris mes premières passions, Francion, V.

  • 9Belle passion, tendre attachement, soit d'amitié, soit d'amour. Elle me manda la jolie action du chevalier de Pompone, parce qu'elle sait bien la belle passion que j'ai pour le père, Sévigné, fin de juillet 1690. M. et Mme de Trudaine m'ont pris dans une belle passion, Diderot, Mém. t. III, p. 77, dans POUGENS. Quoi ! pour un inconnu… que je crois estimable, Se prendre tout à coup de belle passion ! Picard, Entrée dans le monde, II, 7.

    Belle passion, se dit souvent, en un sens ironique, d'un amour inattendu pour quelque chose. Se prendre d'une belle passion pour la musique, pour les médailles.

  • 10Vive affection pour quelque chose que ce soit. Il a la passion des richesses, de la gloire, des beaux-arts. De tous les biens du monde la liberté est celui pour qui les hommes ont une plus forte et plus véritable passion, Malherbe, Le XXXIIIe livre de Tite Live, ch. 32. La passion qu'elle ressentait pour la gloire de Monsieur n'avait pas de bornes, Bossuet, Duch. d'Orl. Il aimait extrêmement la musique, et avait pris en passion celle de Rameau, Rousseau, Conf. V. J'ai plus que jamais la passion de la botanique, Rousseau, Lett. à du Peyrou, 29 avr. 1765.
  • 11Vif désir. Pour ce qui est de vous, vous ne sauriez douter de la passion que j'ai à vous honorer, Voiture, Lett. 48. Monseigneur, la fortune n'a pu souffrir que les passions que j'ai de vous plaire fussent plus longtemps inutiles, Mairet, Ép. à Richelieu, en tête des Nouv. œuv. de Théophile. Pouvaient-ils mieux marquer la passion qu'ils ont d'agir en maîtres et en souverains inquisiteurs ? Pascal, Prov. XIX. Je souhaite avec une grande passion d'être hors d'ici, Sévigné, 447. Mon fils est toujours dans la même passion de vendre, Sévigné, 16 fév. 1680. L'aveugle passion de retourner dans sa misérable patrie lui fit rejeter tous ces avantages, Fénelon, Tél. I. Je priai Louville de n'oublier rien pour servir utilement la passion que j'avais de ce mariage, Saint-Simon, 15, 172.
  • 12Objet de l'affection, en parlant d'une personne ou d'une chose. Cette femme est sa passion. Une avidité de savoir, une assiduité et, si j'ose le dire, une intempérance de lecture ont été les passions de sa jeunesse, Fléchier, Duc de Mont. Une si heureuse naissance la rendit la passion de tout ce qu'il y avait de vertueux, Fléchier, Mme de Mont. Mes chars et mes coursiers, mes flèches, mon carquois, Voilà mes passions et ma seule science, Voltaire, Orphel. III, 4.

    Il s'est dit au XVIIe siècle en ce sens au pluriel. Pour moi qui ne commence pas d'aujourd'hui à faire mes passions de vos intérêts, Guez de Balzac, liv. I, lett. 7.

  • 13Prévention forte pour ou contre quelqu'un ou quelque chose. La passion inspire toutes ses paroles. Je me dépouillerai de toute passion, Rotrou, Vencesl. IV, 6. Je commençai à me défier que vous agissiez avec passion, Pascal, Prov. XVII. L'intérêt et la passion corrompent les hommes ; la loi est sans intérêt et sans passion, Bossuet, Polit. I, IV, 4. Nous n'avons rien que de faible à leur opposer [aux vérités de l'éternité] ; c'est par passion, et non par raison, que nous osons les combattre, Bossuet, Duch. d'Orl. [La savante] Pèse sans passion Chapelain et Virgile, Boileau, Sat. X.
  • 14 Terme de littérature. Chaleur, expression vive, sensibilité. Les passions sont bien entendues dans ce poëme, dans cette pièce. Que dans tous vos discours la passion émue Aille chercher le cœur, l'échauffe et le remue, Boileau, Art p. III. Je me sens déjà pris de compassion ; Ce que c'est qu'à propos toucher la passion ! Racine, Plaid. III, 3.

    Cet orateur, cet acteur, etc. entre bien dans la passion, il se pénètre bien du sentiment qu'il doit exprimer.

    Il se dit, dans le même sens, de la musique et de la peinture. Les passions sont bien rendues dans ce tableau. Il y a beaucoup de passion dans cet air.

  • 15 Terme de philosophie. Impression reçue par le sujet ; se dit par opposition à action.
  • 16 Terme de grammaire. Impression reçue par un sujet. Le verbe actif marque l'action, le passif marque la passion du sujet.
  • 17De passion, loc. adv. Passionnément. Votre frère est très persuadé de votre amitié ; il vous aime de passion, à ce qu'il dit, et je le crois, Sévigné, 8 janv. 1674.

HISTORIQUE

XIIe s. Et ton saint cors livras à passion, Ronc. p. 48. Al quart an qu'ot suffert li martyrs passiun, Th. le mart. 159.

XIIIe s. Passions est ausi come amor, leesce, misericorde, et toutes choses de quoi ensieut [ensuit] volenté et moleste, Latini, Trésor, p. 269.

XIVe s. Vous congnoissez, comme ouvriere, Le merite de la matiere : Car agent ne prent action Qu'en disposée passion, l'Alch. à nat. 230. Il luy print une très forte passion qu'on appelle le flux de ventre, Chron. de St-Denis, t. II, f. 207, dans LACURNE.

XVe s. Ilz prisdrent à speculer sus plus occultes choses si comme des passions [phases] de la lune, Christine de Pisan, Charles V, III, 67. La patience qu'il [Louis XI] a portée en ses passions a esté semblable à celle qu'il a fait porter aux autres, Commines, VI, 12. Le roy Ferrand porta grande passion en son cœur de voir venir sur luy ceste armée, et qu'il n'y pouvoit remedier, Commines, VII, 11. Aucune nature n'est exempte de passion, et tous mangent leur pain en peine et douleur, Commines, VIII, 13. Je suis tout seur d'ouir la passion ; plust à Dieu que ma femme fust mute [par allusion à l'Évangile de la passion qui est fort long] ! Louis XI, Nouv. XCVII.

XVIe s. Les passions de Christ [ses souffrances], Calvin, Instit. 525. Le despit d'une passion envieuse, Montaigne, I, 5. La tristesse, cette passion…, Montaigne, I, 6. Esprins d'une extresme passion de honte, Montaigne, I, 11. Si on verse de l'eau dessus [la torpille], on sent cette passion [engourdissement] qui gaigne contre-mont jusques à la main, Montaigne, II, 181. La mort n'est qu'un quart d'heure de passion, sans consequence, Montaigne, IV, 213. Elles donnent à leurs maris infinité de passions [tourments], Marguerite de Navarre, Nouv. XLVI. Les passions et affections de nostre ame, Amyot, De la vertu morale, 8. Tous les autres gentilz hommes se tourmentoient de sa fortune, luy seul monstroit au dehors n'en sentir passion aucune, ni avoir compassion quelconque de soy mesme, Amyot, Cor. 32. …Dont s'ensuist la colique passion, Paré, Introd. 6. Le verbe est une partie du langage signifiant action ou passion, avec temps et modes, Meigret, dans LIVET, la Gramm. franç. p. 82.

ÉTYMOLOGIE

Prov. passio ; espagn. pasion ; portug. paixâo ; ital. passione ; du lat. passionem, de passum, supin de pati, souffrir (voy. PÂTIR).