« prix », définition dans le dictionnaire Littré

prix

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prix

(prî ; l'x se lie : un pri-z excessif) s. m.
  • 1Estimation, valeur d'une chose ; ce qu'on la vend, ce qu'on l'achète. Le prix c'est la valeur exprimée en numéraire. Ne les vantez point tant, et dites-nous le prix, Corneille, Galerie du Pal. I, 6. Cléante : Le prix ? - Le libraire : Chacun le sait ; Autant de quarts d'écus, c'est un marché tout fait, Corneille, ib. IV, 14. Mettez un prix à la pauvre captive, Je le payerai…, La Fontaine, Cal. Les huit ou les dix mille hommes sont au souverain comme une monnaie dont il achète une place ou une victoire : s'il fait qu'il lui en coûte moins, s'il épargne les hommes, il ressemble à celui qui marchande, et qui connaît mieux qu'un autre le prix de l'argent, La Bruyère, X. Le prix n'est que la valeur estimée d'une chose par rapport à la valeur estimée d'une autre, Condillac, Comm. gouv. I, 2. Le prix suppose la valeur ; c'est pourquoi on est si fort porté à confondre ces deux mots, Condillac, ib.

    À prix d'argent, pour une certaine somme. Ce n'est qu'à prix d'argent qu'on dort en cette ville [Paris], Boileau, Sat. VI. Les rois et les hauts barons avaient affranchi plusieurs de leurs bourgeois à prix d'argent, dès le temps des premières croisades, pour subvenir aux frais de ces voyages insensés, Voltaire, Hist. parl. II. Le père de Bouchardon chercha à son fils, à prix d'argent, les plus parfaits modèles qu'il put trouver, Diderot, Observ. sur la sculpt. Œuv. t. XV, p. 313, dans POUGENS.

    À prix d'or, très cher.

    Acheter à bon prix, acheter à bon marché.

    Terme de commerce. Vendre à non-prix, vendre moins que la chose ne coûte, vendre à perte. Elle [la veuve de J. Chartier] sera bientôt obligée d'en faire meilleur marché [de la bibliothèque de son mari], ou autrement les créanciers feront tout vendre à non-prix, Patin, Lett. t. II, p. 171.

    Relever les prix, faire hausser les prix qui avaient baissé.

    Juste prix, prix modéré, prix convenable.

    Bas prix, vil prix, prix au-dessous de la valeur. C'est une situation admirable… mais il ne faut pas le vendre [un domaine] à vil prix, comme on vend aujourd'hui toutes les terres, Sévigné, 303.

    Fig. En l'abondance de toutes choses que son empire [du sultan] produit, rien n'est jamais à si bas prix que la vie des hommes, Guez de Balzac, liv. II, lett. 5.

    À haut prix, à grand prix. très cher, pour une grosse somme d'argent. J'aurais pu te montrer nos duchesses fameuses Tantôt d'un histrion amantes scandaleuses, Fières de ses soupirs obtenus à grand prix, Gilbert, Le 18e s.

    Fig. Vous mettez à trop haut prix… les petits services que je vous ai rendus, Sévigné, 30 mars 1689.

    Une chose hors de prix, une chose excessivement chère. Les vaches ne se vendent pas, les filles étaient chères à l'assemblée de Véretz, les garçons hors de prix, Courier, Gaz. du village, n° 4.

    Une chose qui n'a point de prix, qui est sans prix, une chose de très grande valeur et dont le prix n'est point réglé. Ils présentent alors à nos regards surpris Des chefs-d'œuvre d'orgueil sans mesure et sans prix, Voltaire, Scythes, I, 1.

    Fig. Ces poëmes sans prix Rendront de leurs beautés votre oreille idolâtre, Rotrou, St-Gen. I, 7. C'est cela [des tendresses] qui n'a point de prix, et que je sens fort tendrement, Sévigné, 494.

    Fig. Cet homme est sans prix, il est d'un rare mérite.

    En un sens opposé. Les effets publics sont sans prix, personne ne demande à en acheter.

    De prix, qui vaut beaucoup. Corps piqué d'or, garnitures de prix, La Fontaine, Court. Il ne brisera pas un meuble de prix, Rousseau, Ém. I.

    Mettre un prix à quelque chose, en donner un certain prix. Mets un prix à la paix, mets un prix à Palmire, Voltaire, Fanat. I, 4.

    Mettre la tête d'un homme à prix, promettre une certaine somme à qui le tuera. Il [Sylla] inventa les proscriptions, et mit à prix la tête de ceux qui n'étaient pas de son parti, Montesquieu, Rom. 11.

    Mettre à prix, vendre pour un certain prix. Judas aima l'argent avant de mettre à prix son maître, Massillon, Carême, Tiéd. 2.

    Par extension, mettre à prix, accorder quelque chose moyennant une certaine concession. On y ajoutera peut-être encore de mettre à prix le retour du parlement à Rennes, Sévigné, 227.

    Fig. Si vous étiez un bien qui se pût mettre à prix, ma seule fidélité pourrait vous acquérir, Scarron, Rom. com. II, 14.

    Être à prix, être l'objet d'un trafic. La louange est à prix, le hasard la débite, Régnier, Sat. X.

    Cela vaut toujours son prix, se dit d'une chose qui conserve sa valeur, dont le prix ne baisse pas.

  • 2Prix fixe, prix fixé d'avance par le marchand et duquel il n'y a rien à rabattre. Vendre à prix fixe.

    Prix-fixe (avec un trait d'union), maison de commerce où l'on vend les marchandises à un prix déterminé et écrit sur les objets à vendre Les prix-fixes se sont fort multipliés à Paris.

    On dit aussi : magasin, boutique à prix fixe.

    Prix fait, le prix commun ou le prix convenu d'une chose.

    Marché à prix fait, ou, simplement, prix fait, marché à forfait. Un édifice construit à prix fait.

    En termes de banque. Les prix des changes sont certains et incertains ; dans toutes les négociations de lettres de change tirées sur des places étrangères, il y a toujours une place qui donne le prix certain ou incertain, et une qui…, P. Giraudeau, la Banque rendue facile, p. 5.

    Prix courant, le prix qui a cours sur le marché à un moment donné.

    Prix courant, feuille publique qui donne les prix courants. On en peut voir le détail dans le prix courant qu'on imprime à Amsterdam, P. Giraudeau, la Banque rendue facile, p. 387.

  • 3 Fig. Valeur morale d'une personne ou d'une chose. Il met à même prix les sages et les sots, Régnier, Sat. V. Le temps de chaque chose ordonne et fait le prix, Corneille, Pomp. I, 3. Notre humeur met le prix à tout ce qui nous vient de la fortune, La Rochefoucauld, Réflex. 47. Enfin, qu'on doit tenir notre art en quelque prix, La Fontaine, Fabl. I, 14. Que l'homme s'estime son prix, Pascal, Pens. I, 8, éd. HAVET. Je trouve que le prix de la plupart des choses dépend de l'état où nous sommes, quand nous les recevons, Sévigné, 13 oct. 1673. La reine [d'Espagne] la veut voir incognito [Mme de Villars] ; elle se fait prier, pour se donner un nouveau prix, Sévigné, 5 janv. 1680. Que ce tombeau nous convainque de notre néant, pourvu que cet autel, où l'on offre tous les jours une victime d'un si grand prix, nous apprenne en même temps notre dignité, Bossuet, Duch. d'Orl. Une noble pudeur à tout ce que vous faites Donne un prix que n'ont point ni la pourpre ni l'or, Racine, Esth. III, 4. Le rang qui lui donne du prix devant les hommes, Massillon, Carême, Prosp. Il y a une grande différence entre le prix que l'opinion donne aux choses, et celui qu'elles ont réellement, Rousseau, Hél. v, 2. Je connais mieux que vous le prix de la vie, Scribe, Hist. et prov. Le prix de la vie.

    Relever le prix, donner une plus grande valeur morale. Sa modestie relève le prix de ses autres vertus.

    Chacun vaut son prix, c'est-à-dire il ne faut pas déprécier celui-ci pour exalter celui-là, et aussi il n'est personne qui n'ait quelque bonne qualité. Encore que chacun vaille ici-bas son prix, Régnier, Sat. XI. J'ai vu ici… Mme de Montjeu, que je trouve fort aimable ; Mme de Toulongeon vaut son prix aussi, Sévigné, à Bussy, 13 avril 1689.

    Valoir son prix, en parlant de choses, n'être pas sans importance, sans intérêt. Pensez-vous que cette nouvelle ne valût pas son prix dans la gazette de Hollande ? Sévigné, 352.

    On dit de même : avoir son prix. Pourtant un tel spectacle a bien son prix, Rousseau, Dédic.

  • 4 Fig. Ce qu'il en coûte pour obtenir quelque avantage. Et veulent acheter crédit et dignités à prix de faux clins d'yeux et d'élans affectés, Molière, Tart. I, 6. Ils ont résolu de l'en retrancher [Arnauld, de l'Église], à quelque prix que soit, Pascal, Prov. III. Dieu met la vie éternelle à ce prix, Bossuet, Hist. II, 6. Et dit-on à quel prix Roxane lui pardonne ? Racine, Bajaz. III, 2. Je voulais votre fille et ne pars qu'à ce prix, Racine, Iph. IV, 6. Si j'avais mis ta vie à cet indigne prix, Parle, aurais-tu quitté le dieu de ton pays ? Voltaire, Alz. v, 5. Nous avons mis peut-être cette qualité [la délicatesse] à plus haut prix qu'aucun autre peuple de la terre, Vauvenargues, Délicatesse.
  • 5 Fig. Mérite d'une personne. Tous ceux qui lui étaient bons [à Mme de Lafayette] avec M. de la Rochefoucauld, perdent leur prix auprès d'elle [lui mort], Sévigné, 419. On croirait à vous voir, dans vos libres caprices, Décider du mérite et du prix des auteurs…, Boileau, Sat. IX.

    L'excellence d'une chose. Certain Mogol vit en songe un vizir Aux champs Élysiens possesseur d'un plaisir Aussi pur qu'infini tant en prix qu'en durée, La Fontaine, Fabl. XI, 4. À propos de comédie, voilà Bajazet ; si je pouvais vous envoyer la Champmeslé, vous trouveriez la pièce bonne ; mais sans elle elle perd la moitié de son prix, Sévigné, 125. Dieu aime qu'on sente tout le prix des grâces qu'il nous fait, Massillon, Avent, Conc.

  • 6 Fig. Récompense. Et lui seul a des prix dignes de ma victoire, Rotrou, Bélis. IV, 6. Cruelle, est-ce là donc ce que vos injustices Ont réservé de prix à de si longs services ? Corneille, Illus. com. II, 3. Cette dignité sacrée [le souverain sacerdoce chez les Juifs] fut le prix de la flatterie, Bossuet, Hist. II, 5. Ô dieux !… Si vous donnez les prix comme vous punissez, Racine, Théb. III, 3. Le prix est sans doute inouï … Mais plus la récompense est grande et glorieuse…, Racine, Esth. II, 6. Je vais au roi des rois demander aujourd'hui Le prix de tous les maux que j'ai soufferts pour lui, Voltaire, Zaïre, II, 3.

    Le prix de, suivi d'un infinitif. C'est ce qu'il n'est plus temps de vous dissimuler, Seigneur, et c'est le prix de m'avoir fait parler, Corneille, Sur. II, 2.

    Pour prix de, en récompense de. Pour prix d'avoir si bien secondé vos souhaits, Racine, Mithr. I, 2. Catherine fut reconnue czarine, pour prix d'avoir sauvé son époux et son armée, Voltaire, Russie, II, 3. Salaire Ceux qui tuent sans en recevoir aucun prix, Pascal, Prov. VI.

  • 7Quelquefois, par antiphrase, punition, expiation. Où Photin a reçu le prix de son audace, Corneille, Pomp. v, 3. Sous les Assyriens, leur triste servitude [des Hébreux] Devint le juste prix de leur ingratitude, Racine, Esth. III, 4. Me préserve le ciel de soupçonner jamais Que d'un prix si cruel vous payez mes bienfaits ! Racine, Mithr. III, 3.

    La mort fut le prix de sa sincérité, c'est-à-dire il fut mis à mort pour avoir été sincère.

  • 8Récompense promise à celui qui réussira le mieux dans quelque exercice de corps ou d'esprit. Du plus habile chantre un bouc était le prix, Boileau, Art p. III. Le fils d'Ulysse, qui était venu pour remporter le prix, Fénelon, Tél. V. Je viens ici pour tâcher de gagner le prix, Dancourt, Prix de l'arquebuse, sc. 7. Les marches d'Alexandre sont si rapides que vous croyez voir l'empire de l'univers plutôt le prix de la course, comme dans les jeux de la Grèce, que le prix de la victoire, Montesquieu, Esp. X, 14. Après avoir remporté vingt-huit fois le prix de l'art, d'autres disent seulement treize fois, Eschyle, vaincu par Sophocle…, Lévesque, Instit. Mém. litt. et beaux-arts, t. I, p. 316.

    Partager le prix, donner le prix à deux concurrents dont le mérite a été jugé égal et qui se partagent la récompense proposée.

    Partager le prix, se dit aussi de deux concurrents qui obtiennent le prix et entre lesquels on le partage.

    Il a manqué le prix de peu de voix, il s'en est fallu peu de voix qu'il ne l'ait obtenu.

    Fig. Remporter le prix, surpasser les autres en quelque chose. C'est par là que Molière, illustrant ses écrits, Peut-être de son art eût remporté le prix, Si…, Boileau, Art p. III.

    Dans le même sens. Il vous donne le prix de la beauté, le prix de l'esprit, le prix de la vertu, Maintenon, Lett. à Mme de Pommereuil, 10 juillet 1655.

    Il se dit au sens d'honneur dans les luttes où un prix est disputé. Et si de t'agréer je n'emporte le prix, J'aurai du moins l'honneur de l'avoir entrepris, La Fontaine, Dédic. des fables au Dauphin. [Dans les tournois] l'on crie : L'amour des dames, la mort des héros, louange et prix aux chevaliers, Chateaubriand, Génie, IV, V, 4.

    Prix décennaux, prix fondés par le premier empire, et décernés aux plus belles œuvres littéraires, aux plus belles découvertes scientifiques faites dans l'intervalle de dix ans. Je ne croyais pas qu'il put être au monde un poëte plus en sûreté que moi contre les prix décennaux… faire appartenir mon Hamlet aux prix décennaux, ce serait vouloir que le passé devînt le présent, pour me ramener malgré moi sous les récompenses d'aujourd'hui, Ducis, Corresp. 27 nov. 1810.

  • 9 Particulièrement. Dans les écoles, colléges et lycées, récompense en livres aux élèves qui ont fait les meilleures compositions. Le premier prix. Le second prix. Prix des nouveaux. Prix des vétérans. Afin que cette distribution de prix fasse tout son effet, elle doit se faire avec une grande équité, sans que jamais la faveur y ait aucune part, Rollin, Traité des Ét. VI, 2e part. I, 2. L'usage d'encourager la jeunesse au travail par des distributions solennelles de prix paraît avoir été ignoré dans ce temps [l'antiquité] ; du moins aucun monument n'en rappelle l'existence, Naudet, Instit. Acad. inscr. t. IX, p. 440.
  • 10Encouragements offerts aux propriétaires ou possesseurs d'animaux qui dans un concours ou une épreuve ont atteint un but déterminé. On accorde une prime au bœuf le plus gras, au mouton à laine superfine, etc. mais on donne un prix au cheval qui est arrivé le premier et dans un temps fixé, dans une course.
  • 11 Terme d'eaux et forêts. Prix de la feuille, indemnité que l'adjudicataire en retard d'exploiter est tenu de payer à l'État ou aux communes.
  • 12À tout prix, loc. adv. à un prix quelconque. Le perron antique Où sans cesse, étalant bons et mauvais écrits, Barbin vend aux passants des auteurs à tout prix, Boileau, Lutr. v.

    Fig. Où des beautés du jour la nation galante… Promenant ses appas par la vogue enchéris, Vient en corps afficher des crimes à tout prix, Gilbert, Mon apologie.

    Vendre à tout prix, vendre une chose à quelque prix que ce soit.

    Fig. À tout prix, malgré tout. Il ne faut pas vouloir ainsi son propre bonheur à tout prix, Staël, Corinne, XVII, 7.

  • 13Prix pour prix, loc. adv. Toute compensation faite. Compare prix pour prix Les étrennes d'un juge et celles d'un marquis, Racine, Plaid. I, 4.

    Fig. En parlant des personnes. Ces deux hommes-là se valent, prix pour prix.

  • 14Au prix de, loc. prépos. En comparaison de. Anciennes cités, si mal compassées au prix de ces places régulières qu'un ingénieur trace à sa fantaisie dans une plaine, Descartes, Méth. II, 1. Ce peu d'années au prix de l'éternité ne sera considéré que comme une goutte d'eau de la mer, ou un grain de sable, Sacy, Bible, Ecclésiastiq. XVIII, 8. La mort aux rats, les souricières N'étaient que jeux au prix de lui [un chat], La Fontaine, Fabl. III, 18. Que l'homme, revenu à soi, considère ce qu'il est au prix de ce qui est, Pascal, Pens. I, 1, édit. HAVET. Le bois le plus funeste et le moins fréquenté Est au prix de Paris un lieu de sûreté, Boileau, Sat. VI. Il [le roi] marche vers Tholus, et tes flots [les flots du Rhin] en courroux Au prix de sa fureur sont tranquilles et doux, Boileau, Ép. IV. Qui n'accepterait avec joie Le génie au prix du malheur ? Hugo, Odes, IV, 6.

    Absolument. Alcyone n'était au prix que médiocrement affligée, Guez de Balzac, liv. VII, lett. 6. Il n'était ambre, il n'était fleur Qui ne fût ail au prix, La Fontaine, Fabl. VII, 7. Et quant aux merveilles Dont votre divin chant [de l'âne] vient frapper les oreilles, Philomèle est, au prix, novice dans cet art, La Fontaine, ib. XI, 5.

HISTORIQUE

XIIe s. [Ils] Ne prisent vos menaces le pris d'une chastaine [châtaigne], Sax. XX. Evesques et baruns e chevaliers de pris, Th. le mart. 55. Chevaus de pris, Ronc. p. 7.

XIIIe s. Et là doit-on faire chevalerie, Où on conquiert paradis et honor Et pris et los et l'amor de s'amie, Quesnes, Romancero, p. 93. Que Alleman estoient chevalier de haut pris, Berte, v. Il secoru son seigneur, si qu'il en ot moult grant pris [honneur], Villehardouin, LXXII. Li venderes prent blés, aveines ou vins, à plus quier [cher] pris qu'il ne valent, Beaumanoir, XLIV, 20. Li pris des deniers de vente si est tex [tel] que ne croist ne n'apetice, Beaumanoir, XXVII, 17.

XVe s. Il les acheta et en eut bon prix [bon marché], Louis XI, Nouv. XCIX. Ha, gentil cheval, qui ton prix d'or vaulx, or as trouvé ton maistre, Perceforest, t. II, f° 46.

XVIe s. Et voyez combien, au prix [en comparaison], il [César] va se serrant où il parle…, Montaigne, I. 57. [Une troupe] achetant une honteuse fuyte au mesme prix qu'elle eust eu d'une glorieuse victoire, Montaigne, I, 63. Je me recognois, au prix de ces gents là, si foible et si chestif…, Montaigne, I, 155. Revenir de la paulme ou du bal avecques le prix de cet exercice, Montaigne, I, 178. Acquerir une chose au prix de sa vie, Montaigne, II, 243. Les nouvelles ne sont pas comme les marchandises, on les donne pour le prix qu'elles coustent, Despériers, Contes, I. Le prix de l'homicide qui tuoit un des proscripts estoit deux talents, Amyot, Sylla, 66. Au pris qu'ilz approchoient, les Parthes s'en fuyoient, Amyot, Crassus, 46. Ils vouloient donner bataille, à quelque prix que ce fust, D'Aubigné, Hist. I, 277. En baillant à coupper et lier les bleds à tasche ou à prix fait ; c'est à dire, sçavoir que donner en blot pour ce faire, De Serres, 59. Quand nous lisons dans nos vieux titres et enseignemens quelques maisons et heritages, tant en la ville qu'es champs, vendus à non prix, tant s'en faut que ce soit un argument de la felicité de ce temps là, qu'au contraire c'est une demonstration très certaine du malheur qui estoit lors en regne, par la longue suite des troubles ; la richesse d'un pays cause l'abondance du peuple, qui fait que toutes choses y sont cheres ; le peu de peuple au contre fait le non prix, Pasquier, Lett. t. I, p. 656.

ÉTYMOLOGIE

Bourguig. prey ; provenç. pretz ; esp. prez, precio ; portug. preço ; ital. prezzo, du latin pretium, que Curtius rapproche de πρίαμαι, acheter, πιπράσϰω, vendre.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

PRIX.
8Ajoutez, à la fin :

Premier second grand prix, deuxième second grand prix, se disent, dans le langage de l'Académie des beaux-arts, de degrés subordonnés de récompenses. L'Académie n'a pas jugé qu'il y eût lieu de donner, à la suite de ce concours, un premier grand prix ; elle a décerné un premier second grand prix à M. Boisson… et un deuxième second grand prix à M. Deblois, Journ. offic. 25 oct. 1874, p. 7194, 2e col.

REMARQUE

Prix fait s'est dit figurément : Le roi saint Louis visitait comme par un prix fait les hôpitaux et servait les malades de ses propres mains, Saint François de Sales, Introd. à la vie dévote, III, 1. C'est-à-dire saint Louis visitait les hôpitaux comme s'il y eût été astreint par un marché.